Les perspectives technologiques pour le secteur financier



Article écrit pour le Forum BCR sur le Financement Alternatif et le Financement de Créances, Londres 2019

Auteur : Luiza Buserska, Responsable de la communication institutionnelle à CODIX
Co-auteur : Laurent Tabouelle, Directeur général délégué du Groupe CODIX

Ces dernières années, les technologies sont devenues de plus en plus importantes pour les entreprises. Les technologies révèlent un énorme potentiel et sont une méthode pour améliorer la qualité des services financiers, c’est pourquoi des investissements considérables sont en cours de réalisation dans ce sens. Dans le même temps, les exigences des clients semblent n’avoir aucune fin, avec des attentes comme par exemple que les services leur soient disponibles dans un canal privilégié au moment où ils en ont besoin. À l’ère du client, les entreprises font la course à l’implémentation de nouvelles technologies flexibles et de solutions d’entreprise pour satisfaire les attentes croissantes et constantes du client tout en restant compétitif.

Dans ce contexte, les cryptomonnaies ont beaucoup attiré l’attention et sont devenues très populaires. Cependant, il existe toujours beaucoup d’incertitudes et un certain doute concernant les monnaies virtuelles et les technologies liées. L’une des plus commentées est le Blockchain, pour laquelle beaucoup d’entreprises, analystes et investisseurs à travers le monde pensent qu’elle a un fort potentiel.

Les entreprises de quasiment tous les secteurs sont pressées de prendre l’avantage du phénomène blockchain, beaucoup d’entre elles cherchent à mettre en place leur propre version de la technologie et leur propre cryptomonnaie. Et les données montrent que le secteur financier détient déjà plus de 60% du marché mondial du blockchain.

La question est comment cette technologie s’adapte avec les besoins du secteur financier ; quelles sont les difficultés et les challenges à cet égard ?

D’un côté, le blockchain suppose la décentralisation et les institutions financières ont du mal à accepter cela. Pour que la technologie blockchain soit largement utilisée, il doit y avoir premièrement des règles qui l’accompagnent. À juste titre, la plupart des organisations osent à peine penser à utiliser une quelconque technologie nouvelle pour laquelle il n’existe pas de cadre règlementaire précis. Aucune entreprise ne souhaite investir des millions et se retrouver avec une technologie non autorisée et tout perdre.

Des règles sont en cours de développement en ce moment, mais comme nous le savons, il s’agit d’un processus compliqué et lent. De nouvelles opportunités et technologies apparaissent constamment. Par exemple, internet existe depuis de nombreuses années et même aujourd’hui il n’existe toujours pas de règles précises et de nouveaux développements continuent d’apparaître. Pour le blockchain, tout cela doit maintenant être effectué depuis le début, en prenant en compte les nouveaux développements dans ce secteur. L’Union Européenne prépare actuellement un rapport séparé sur les questions judiciaires et règlementaires autour des biens numériques, qui doit être publié d’ici la fin de l’année.

D’un autre côté, peu importe si la technologie blockchain devient quelque chose d’utilisable au niveau commercial ou non, pour le moment il existe trop d’initiatives similaires et ce qui a été fait représente plutôt différentes preuves de concept, à des niveaux différents de complexité, sans solution claire et globale qui puisse satisfaire les réels besoins du secteur.

Les entreprises financières auront toujours besoin de ce pilier flexible et à la fois stable, qui lie les financiers, expéditeurs, douanes, etc. entre eux. Ce pilier donnerait la traçabilité et la visibilité de la transaction commerciale depuis la commande jusqu’à la livraison même et apporterait bien plus de confort aux financiers pour développer leur offre dans la période commande-livraison – une période très importante pour l’entreprise, en particulier en période de forte croissance. Par conséquent, le blockchain peut être ou non la nouvelle ère technologique, mais il est désormais clair que dans un futur proche, les technologies de registre distribué seront le composant principal de la réponse que la technologie doit apporter à ce besoin d’entreprise complexe.

Au même moment, la généralisation de la RFID dans le suivi des biens depuis la conception jusqu’à la destination finale, à travers toutes les étapes de transformation et (re)conditionnement, va aussi jouer un rôle grandissant dans la sécurisation des transactions et va fournir plus de confiance aux financiers. Il en est de même pour l’utilisation d’une signature électronique pour valider encore plus d’opérations du contrat au financement, la reconnaissance faciale en tant que mécanisme d’authentification, etc… Tout cela va contribuer à rendre le financement commercial plus sûr et fluide.

Et, bien entendu, une chose que nous ne pouvons pas omettre de mentionner est l’expansion des entreprises Fintech qui doivent être vues comme des partenaires aux banques traditionnelles plutôt qu’à des concurrents, capables de compléter l’offre des banques sur les produits qui ne peuvent pas entrer dans le système de conformité des banques, mais ce sont néanmoins des produits que les PME et même des plus grandes entreprises ont besoin. Ainsi, la stratégie de la marque blanche sur les services/produits offerts par certaines Fintech est probablement la meilleure façon de faire à présent. De plus, de nos jours, les technologies API publiques permettent aux PGI et CBS modernes de se connecter ou de s’intégrer aux systèmes des Fintech.

En bref, les institutions financières ont deux façons d’appliquer des décisions financières pour pouvoir résister à la forte concurrence. Elles peuvent soit choisir de s’associer avec des entreprises Fintech, soit développer leurs propres solutions. Quelle que soit la façon choisie, elles doivent suivre les tendances identifiées par les industries Fintech et la numérisation globale.

Dans tous les cas, il est temps pour le secteur financier de se débarrasser du stéréotype d’une industrie qui n’a pas de tendance à numériser. Cela doit commencer soit par accepter la transformation numérique, soit par s’habituer à perdre ses clients.

Publié sur : bcrpub.com, 21.10.2019

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